144 – Les idées cul par dessus-tête (Eric – 34)
Les chaleurs étaient retombées et la Corniche, enfin le bar, était toujours là . En poussant la porte, il ressentit un frémissement, un peu comme si tout à coup, un courant d’air froid était passé sur lui. Mais il n’en était rien bien sûr et il mit cela sur le compte d’une forme d’émotion. Il jeta un regard circulaire dans la salle et choisit de s’asseoir à une petite table près de la baie vitrée. Après avoir passé commande d’une bière, il prit son téléphone et chercha le numéro d’Emma. Il le posa sur la table à côté de son demi que le serveur venait de lui apporter et se mit à réfléchir sur la façon dont il allait engager la conversation avec Emma. Dans ce genre de situation, il n’est déjà pas facile d’entrer dans le vif du sujet lorsqu’on a son interlocuteur en face de soi. Alors, quand il est ailleurs, à l’autre bout du téléphone, la chose se complique. Face à face, on a un visage sur lequel on peut lire les réactions, les émotions provoquées par les paroles. Mais au téléphone, les répliques peuvent se superposer. Il y a des silences qu’on ne peut interpréter. L’exercice est beaucoup plus ardu, c’est du moins ce qu’imaginait Eric, et tout cela ne lui donnait finalement pas d’idée pour engager une conversation avec Emma. Décidément, se dit-il, elle lui avait mis les idées cul par tête et il fixa le bar où tout avait commencé, le regard vide tout comme son demi qu’il avait vidé sans même s’en apercevoir …